Qu’est ce que la pierre noire ? D’où vient-elle et comment l’utiliser ?
Souvent confondue avec le fusain, la pierre noire est encore méconnue des apprentis dessinateurs. Nettement moins volatile et d’un noir plus profond et mat, la pierre noire a des spécificités qui en font un très bel outil de dessin.
Quelle est l’histoire de la pierre noire ?
L’ampélite est une roche du Silurien (-444 M -416 Millions d’années), noire, un schiste argileux qui servit longtemps de matériaux de base pour dessiner depuis que l’humanité existe. L’ampélite servit aussi aux femmes pour se noircir les cheveux et les sourcils, aux charpentiers pour tracer des coupes, utile pour les vignes en se décomposant, etc…on en trouve en Bretagne mais elle est aussi fréquente ailleurs dans le monde.
Michel-Ange, Raphaël, Le Tintoret, Léonard de Vinci… Nombreux sont les peintres réputés de la renaissance à avoir été séduit par le dessin à la pierre noire. Du fait de sa popularité auprès des artistes Italiens, la pierre noire recevra alors le sobriquet de « Pierre d’Italie ».
Jusqu’au XVIIIe siècle, le dessin à la pierre noire était la norme pour ceux qui désiraient réaliser des esquisses, puis son utilisation se perd au profit du fusain et de la mine de plomb.
Quelles sont les particularités du dessin à la pierre noire ?
Son noir est mat et profond, sa texture peut aller du sec au tendre comme un crayon graphite (B, 2B, 6B etc…). Il vaut mieux l’utiliser sur un papier à grains fins. Attention elle se gomme très mal, aussi faut-il réaliser l’esquisse avec un crayonné léger et n’appuyer que lorsque vous être sûr de votre dessin. La gomme blanche vous permettra d’effacer sans problème un crayonné léger mais pas ou peu une ligne appuyée. La gomme mie de pain vous servira à tapoter pour alléger le dessin. Vous pouvez la fixer avec un fixatif classique, le mieux reste d’avoir un bon papier qui va retenir la matière et de protéger votre dessin sous un verre ou un plexiglass.
La pierre noire est le plus souvent mariée à d’autres outils de dessin : Associé à la craie blanche, elle forme la technique des « deux crayons ». Si on rajoute la sanguine à la craie blanche (ou crayon pastel blanc), on obtient la technique des « trois crayons »: Les dessins sont alors réalisés sur du papier mi- teinte gris ou brun afin de jouer avec différentes valeurs. La pierre noire pour la mise en place du dessin, des ombres et modelés. La sanguine est souvent utilisée pour la coloration des chairs (chez Watteau pour les vêtements aussi), et la craie blanche réhausse les lumières.
L. de Boullogne et Watteau
Petit truc sympa : la pierre noire s’estompe. Vous pouvez par exemple, lors d’une séance de croquis sur le motif, réaliser vos esquisses en crayonné plus ou moins appuyé puis estomper au doigt vos ombres avec un effet plus ou moins gestuel. La pierre noire se dilue aussi à l’eau: pour obtenir des noirs plus forts, diluez vos ombres avec un doigt mouillé dans l’eau ou plus classiquement un pinceau. Dans ce cas, plus vous appuierez sur la pierre noire pour déposer de la matière, plus vos ombres seront puissantes. Pensez bien sûr à prendre un papier à grain plus épais dans ce cas.
L’utilisation de la pierre noire aujourd’hui ?
Nous la retrouvons chez quelques maîtres qui dessinent aux trois crayons mais pas que ! (cliquez sur les images ci-dessous) et elle est enseignée dans les écoles d’art
Nous proposons régulièrement des stages sur ces techniques et les enseignons dans nos cours hebdomadaires de dessin, renseignez-vous !